AMBRE CARDINAL. LE BIJOU COMME LANGAGE DE FÉMINITÉ.

28 juin 2018

J'ai eu la chance de découvrir le travail d'Ambre Cardinal  par sa ligne de bijoux BIJOU MOBIL lors du dernier salon NOW LE OFF, en septembre 2017.
Et ce fut un grand coup de coeur artistique, plein d'émotions, avec une présentation singulière où ses créations étaient exposées sur de magnifiques photographies imprimées sur du bois japonais. 
Ambre Cardinal est une virtuose du fil d'or et du mouvement; elle crée avec pureté et onirisme un langage artistique autour de nos cous, nos bras, nos visages. Ses bijoux se portent de multiples façons, ce qui les rends encore plus créatifs et intimes. Tout cela est le fruit de l'intelligence de son travail inspiré par l'art cinétique, le travail de Calder, le métissage des genres et le Japon.

On s'était donnez rendez-vous pour un portrait-créateur, et neuf mois après, alors qu'elle travaille sur le deuxième opus de sa ligne de bijoux: SENSE,  qui va être présentée en septembre 2018, je vous offre la source de son inspiration, sa sensibilité et ses liens évidents avec le pays du soleil-levant.

Ce nouveau portrait d'artiste inaugure une série de posts à venir sur la relation qu'entretiennent des personnalités, artistes, créateurs avec le Japon; car oui ces prochains neufs mois vont être so, so nippons à Paris et ailleurs en France, avec Japonismes 2018 qui célèbre le 160 ème anniversaire des relations culturelles entre le Japon et la France, ainsi que le 150 ème anniversaire de l'ère Meiji lorsque le Japon s'ouvrit à l'Occident. 
Photos: KaT et Ambre Cardinal 
"Quand je retourne au Japon, c'est comme rentrer à la maison."


Dans l'atelier, une photographie de Ren Hang.



Scènes de l'atelier situé dans le Marais à Paris.
BIJOU MOBIL
"Mon travail est une recherche constante d'harmonie entre la ligne et le corps."
Bague Sayun  BIJOU MOBIL
Ambre, tu es une artiste pluridisciplinaire. 
Tu fais des photographies d'art, tu réalises des vidéos pour présenter ta ligne BIJOU MOBIL. Comment se déroule le processus?
Je pense simultanément la création du bijou et de la vidéo; une histoire se compose. Ensuite vient l'étape de la photographie qui est une manière d'incarner le bijou. 

A travers tes créations tu souhaites créer une féminité universelle. 
En quoi est-ce important pour toi?
J'ai un retour positif des femmes qui portent mes bijoux. Elles me disent qu'elles se sentent plus femmes, plus élégantes, elles prennent davantage confiance en elles. C'est le grand intérêt pour moi de faire des bijoux.
"Universelle" car je suis métisse et que je voyage beaucoup. Je prône la diversité, la culture universelle. J'adore voir les couples mixtes dans la rue. Visuellement et culturellement il se passe toujours quelque chose d'intéressant. C'est en se confrontant à une autre culture qu'on apprend le plus sur soi-même.

Le mouvement est principalement à l'origine de tes créations. Tu fais souvent référence à la danse, l'inspiration cinétique, le mobile... Pourquoi?
L'être humain est impermanent et tout le temps en mouvement. La vie est une danse. Ce que je crée est très onirique et suscite l'évasion de l'esprit, comme quand on regarde le travail de Calder, notamment avec le Cirque. J'aime observer l'équilibre de l'objet sur le corps en mouvement.

Créer pour toi est-il source de bonheur?
J'ai mis du temps à réaliser que j'avais absolument besoin de créer. A partir du moment où j'ai accepté çela, je me suis entièrement investie dans la création, je me suis épanouie.

Quelles est ton histoire où les différents "ponts" avec le Japon?
J'ai découvert le japon pour la première fois quand j'avais 20 ans, avec ma mère qui a travaillé là-bas; et je suis tombée amoureuse de ce pays. J'ai absolument voulu y retourner et j'ai vécu pendant un an au Japon grâce à un working holiday visa. C'était ma première expérience seule dans un pays de culture totalement différente. Je suis très sensible à la richesse de l'esthétisme japonais, la diversité des matières, le sens pointu du détail. Le Japon m'a permis de me révéler artistiquement. J'ai ensuite obtenu un visa d'artiste. Mon agent japonais m'a aidé à exposer mon travail dans diverses galeries de Tokyo.
Quand je retourne au Japon, c'est comme rentrer à la maison! C'est vraiment ma deuxième maison et surtout ma bulle créative.
Le prochain volet de la collection: SENSE sortira en septembre et je l'ai pensé à Tokyo, ainsi que la vidéo le présentant. 

Comment sont accueillies tes créations au Japon?
Les japonais ont un rapport très particulier avec l'objet, c'est leur côté animistes. Ils aiment mes bijoux pour leur finesse, leur délicatesse poétique, ce qui fait écho avec leur sens de l'esthétisme. Les japonais sont très curieux, ils me suivent beaucoup sur les réseaux sociaux. Je reviens du Japon où ma collection était exposée à Tsutaya Daikanyama et Tsutaya Ginza à Tokyo. J'ai aussi collaboré avec Emi Suzuki créatrice de la marque Lautashi.

Quelle personnalité japonaise t'inspire tout particulièrement?
J'ai eu la chance de baigner dans l'univers de la musique électro au Japon. J'y ai découvert de nombreux artistes dont Kuniyuki Takahashi, un sound-designer hors pair. Il vit à Hokkaido où il crée des sons empruntés à la nature et enrichis par des instruments de divers pays. Ses morceaux sont universels et invitent au voyage. 
Il a d'ailleurs crée la musique d'une de mes vidéos, à partir de sons de respirations.

Dans quel mood es-tu quand tu pars pour le Japon?
Dans le mood "Tadaima!"只今 ( Je suis rentrée ).

Quel est ton mantra pour un Mood World idéal?
Le bonheur vient du contentement.

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CAT SIROT, L'ARTISTE AU SERVICE DE SON ART.

8 mars 2018
Cette année, la journée de la femme est toujours emblématique mais tourmentée avec l'affaire Weinstein et les révélations dans le monde entier.
En France, la sororité a été quelque peu clivée car le débat a donné lieu à des confrontations à coup de tribunes de groupes de femmes manifestement opposées. Ca se passe ici.
Le point positif est que la parole a été enfin libérée et va engendrer, je le souhaite tant, un monde plus acceptable.
Pour ma part, quand les problèmes sociétaux s'engluent, que l'esprit est un tant soit peu embrouillé, se tourner vers l'art avec ses diverses expressions, permet d'avoir une clairvoyance très révélatrice, surtout quand ce sont des femmes qui à travers leurs créations nous ouvrent au monde.
Cat Sirot représente justement pour moi la femme-artiste dans toute sa modernité, sa féminité et sa force. 
Dans son travail le féminin se conjugue au masculin pour parler tout simplement d'humanité. 
Elle même est d'une beauté délicate, à l'oeil déterminé, campée sur ses deux jambes tel un samouraï totalement ancrée dans son époque, au service de son art. Elle travaille à la fois sur de très grands formats et réalise des sculptures délicates comme des joyaux de liberté nommés "Cherry".
Cat Sirot dresse des passerelles entre nos identités, les étapes de l'existence où la poupée, l'enfant, la femme est un vecteur de passages, de réflexions sur l'humain et le sens de la vie.
Elle expose en France et à l'international, notamment en Chine, en Corée, avec l'agence ZETO ART. Prochainement ses sculptures "Cherry" seront exclusivement exposées dans les galeries Bartoux dont la nouvelle galerie de 500 m² qui ouvrira fin mai 2018 au 5 avenue de Matignon à Paris. 
Vous pouvez suivre l'évolution de son travail et ses expositions sur son site et son instagram.
Photos KaT et Pascal Goetgheluck pour les "Cherry".

Flocon - Huile sur toile - 124 x 159 cm.
Détail de Gloups - Huile sur toile - 110 x 204 cm.

Liberté - Sculpture résine et chrome - 210 cm.
Immanence - Huile sur toile - 200 x 100 cm.
Debout -  Huile sur toile - 193 x 124 cm.
Innocence - Huile sur toile - 170 x 250 cm.
Katana - Huile sur toile - 200 x 130 cm.
Cherry Nu
Cherry Bleu vague

 L'entrée de son atelier dans les anciens entrepôts de la SNCF à Argenteuil.


Merci infiniment Cat de m'accueillir dans ton atelier. 
Quel est le rapport entre ton art et ta vie de femme?
Tout est lié, je n'envisage pas la vie autrement. Chaque sensation, expérience se confond à mon art.

Te sens-tu féministe à travers ta création?
Les divers combats de femmes courageuses ont été nécessaires. Aujourd'hui la parole est différente et il est important de continuer le combat pour une équité évidente. Des progrès sont encore à faire, sans tomber dans les travers dramatiques de la guerre des sexes. L'art n'a pas de sexe et il ne faut pas oublier d'aimer, d'admirer nos différences dans le respect.
Il m'est bien sûr arrivé d'évoquer l'injustice, notamment avec mes poupées.

Est-il difficile de créer?
Ce qui m'est difficile c'est de ne pas créer. Chaque événement même infime est une amorce à la création.

Tu peints souvent de grands formats? Pourquoi?
Pour te répondre j'aurais besoin d'une bibliothèque ^-^.
C'est sans doute un peu par défi, pour chercher le dépassement de soi, la difficulté physique, pour me surprendre. je veux trouver la force du geste et garder l'élan jusqu'à se perdre dans la réalité. Espérer que l'art puisse nous dominer, nous éblouir, nous envelopper et nous protéger.

"Cherry" n'est pas une simple cerise. C'est un vecteur de liberté, mais encore?
"Cherry" est symbole de plaisir, d'amour et de liberté.
Ses rondeurs suggèrent avec délicatesse le coeur, la courbure des fesses, la gourmandise.
Ce fruit est juteux, sexy, voluptueux, je dirais même parfait.
La goupille virile posée au sommet perturbe la signification, la rend plus ambiguë et permet d'exprimer cette explosion de bonheur.

Quel est ton mantra pour un Mood World idéal?
Je suis tentée de dire un "Ah" aspiré pour absorber la force de la vie, puis un "Oh" pour le plaisir qu'elle peut apporter, tout comme une respiration lente, profonde et consciente.
Merci Cat Sirot.
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Un artiste français à Tokyo: K-NARF.

J'ai rendez-vous avec l'artiste K-NARF dans son studio perché dans un immeuble des années 70 aux couloirs couleur menthe à l'eau dans le quartier de Shibuya. Et ,oh surprise la so jolie Shoko est là!! 
L'artiste, son studio, sa muse: Tokyo et toujours la vie en rose...

J'ai découvert les tirages artistique de K-NARF par une amie collectionneuse. 
Son travail est riche de références frenchy et asiatiques, de procédés bricolés et néo-vintage, avec un équilibre entre la poésie et l'expérimentation. Sa technique singulière de développement photographique "Tape_o_graph" avec de l'adhésif, complétée de notes chiffrées, de tampons, de cibles tipexées ...nous rappelle les vieux négatifs photo ou les bandes des films muets et lie ainsi le passé au présent.
Au-delà d'être un bricoleur-photographe K-NARF est un inventeur-artisan. Tout ce dont il a besoin et qui n'existe pas il le fabrique en utilisant des objets simples, parfois désuets, Il s'inscrit dans le mouvement artistique bricolage qui consiste à réaliser des oeuvres à partir de matériaux et d'outils simples, de consommation courantes, en provenance de magasins de proximités (quincailleries, papeteries). Ce mouvement a pris naissance dans les années 2000 à New York et est dans la lignée du READY MADE, l'ARTE POVERA et DIY.
K-NARF transforme l'ordinaire en extra-ordinaire et c'est au milieu des rouleaux de tape_o_graphs, de caméras, de boîtes à images, de feutres, de tubes-o-scopes, de drôles d'instruments, et dans une ambiance se rapprochant de la "Science des rêves" de Gondry que je vous projète dans certains détails et coulisses de son univers.
Depuis quinze ans il a choisi de s'installer à Tokyo, là ou est son inspiration.
Ici Tokyo, allo la terre!?!?!
Shoko dans la série HATARAKIMONO   K-NARF
C'est IcI studio n°403
K-NARF studio
Le verso de ses artworks est aussi beau que le recto ^-^
I Want it
Son objet de travail le plus délicat et le plus beau pour ma part, sa plume d'architecte.

Depuis 2016, K-NARF travaille sur un projet titanesque: "HATARAKIMONO" où il réalise une archive tape-o-graphique avec plus de deux cents portraits des travailleurs des rues de Tokyo. J'ai fait un post exclusif IcI sur cet évènement qui va parcourir le monde à partir de 2018. Attention gardez l'oeil ouvert!
Le monde change et K-NARF par son travail artistique nous révèle ses divers bouleversements à travers l'humain et son évolution. Ca se passe à Tokyo mais bientôt partout ailleurs...


Tissu rayé des costumes des cadres au Japon utilisé comme fond des portraits HATARAKIMONO .
Deux mondes qui se croisent dans les rues de Tokyo où les hatarakimonos sont sous l'oeil de K-NARF les héros du temps présent.
Photos KaT - K-NARF
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08 mars, Barbie dans sa boîte...
Pas pour la cacher ou l'enfermer avec un double scotch pour éviter les relents féministes. Bon, parfois elle l'a bien cherché, mais elle a tout de même été paléonthologue, officier de police, astronaute en 1965 ( alors que Neil Armstrong a attendu 1969 ^-^ ). En 2000 elle était candicate à la présidentielle en tailleur bleu roi!
Elle a aussi inspiré le monde artistique et de la mode. Andy Warhol en 1985 en a fait son portrait et aujourd'hui grâce à la plasticienne Alexandra Chatenet Barbie a une tout autre destinée.
Cette artiste a d'ailleurs une beauté d'Eve très bohème avec ses longs bras parés d'une ribambelle de bracelets africains. Et quand derrière mon objectif je la regarde composer ses Barbies-Icônes on se demande bien qui est la plus belle?....


Alexandra Chatenet a pris le contre-pied de tous les clichés sur Barbie ( Bimbo,femme-objet...et des pires ou des meilleurs....) et a décidé
d'en faire une icône qui traverse tous les thèmes qui lui sont chers: les représentations religieuses, l'art, la peinture, la mythologie, la mort, l'Asie....
Ses barbies incarnent la femme plurielle, forte, libre, sensuelle, voir délurée qui règne au coeur de boîtes subtilement éclairées dans un décor riche en couleurs, en symboles. Les matières sont travaillées avec une extrême minutie, un grand sens de l'harmonie et du détail.

En fond dessin d'Alexandra Chatenet

Eve
La vierge noire
Tirage photo 120cm x 100 cm de la boîte La Vierge Noire
Kali

Alexandra, pourquoi avoir choisi Barbie comme icône ?
Tout simplement pour le symbole de la féminité, de l'élégance, de la beauté. Donner de la profondeur, de la poésie et de la spiritualité à ce personnage superficiel me semble important...Petite je ne jouais pas à la poupée, maintenant je me rattrape.

Des petites têtes de mort nous rappellent que la mort n’est pas si loin…et à la fois tu la représentes de façon « festive » comme sa célébration au Mexique durant « El dia de los muertos ».
Pourquoi cette référence récurrente à la mort ?
N'est-elle pas présente à notre esprit dès le début de l'existence? On la rencontre tout au long de notre vie, la mort comme symbole du renoncement et du passage à un autre état.

Ton univers est singulier et capte de multiples références artistiques.
Quand je regarde tes boîtes, elles me transportent dans l'univers de Tim Burton, Pierre et Gilles...
Est-ce que ces artistes t-ont inspirée?
Je suis effectivement très sensible à leur imaginaire mais la source de mon inspiration est la peinture, les icônes religieuses, les contes oniriques  ... Le lien étant toujours la place de la femme dans l'univers qui est trop souvent masculin.

Il te faut énormément d’éléments pour la réalisation de tes boîtes.
Où les trouves-tu ?
Surtout dans les brocantes. J'aime l'idée de récupération des objets oubliés ou cassés. Le détournement leur offre une nouvelle vie, une nouvelle histoire.




Le bois sculpté, le textile et la passementerie pour le côté théâtral.

Si tu devais tout comme tes Barbies te mettre en boîte ; quel univers et quels éléments de Décor prendrais-tu ?
Je serai une icône religieuse, installée dans un décor lumineux, doré mais toujours à l'abri derrière une vitre.

Petites boîtes votives
Pour découvrir l'univers artistique d'Alexandra Chatenet: c'est IcI.

Commentaires

  1. et je lis ton post aujourd'hui "le jour de la femme" magique d'avoir une vue de derrière les boîtes, la création, les matériaux à leur origine la façon de travailler d'Alexandra. C'est beau, un univers à part, complet et envoutant. xx

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