DOMINIQUE BUISSON, L'HOMME TOUT À FAIT JAPON.

Quand j'ai été informée au printemps dernier de l'évènement Japonismes 2018 qui fête les 160 ans des relations diplomatiques entre le Japon et la France, ainsi que le 150 ème anniversaire de l'ère Meiji, quand le pays s'ouvrit à l'Occident; j'ai voulu présenter sur le blog différents portraits d'artistes, créateurs, personnalités ayant des "ponts" culturels, professionnels avec le Japon. J'ai tout de suite pensé comme une grande évidence à Dominique Buisson, car il est l'homme idéal de la situation puisqu'il est tout à fait Japon ^-^
Depuis longtemps il a consolidé des liens d'amitiés par de multiples voyages entre le Japon et la France, en les partageant à travers l'écriture, la photographie, les conférences, la recherche sur la civilisation japonaise. Vous pouvez retrouver tout cela sur son site: Le Japon de Dominique Buisson et écoutez Instant Japon sur Radio Grand Ciel, c'est délectable.
Le rencontrer au sein de son antre, où tous ses projets naissent et se finalisent sous différentes formes, dans de nombreuses archives, livres, était comme si j'avais rendez-vous avec Buisson Dominique sensei (maître en japonais et on inverse le prénom avec le nom) pour un instant Japon privilégié.
Sous le regard de son chat Mitsu, près des bambous, nous avons parlé de notion d'espace et de temps, de besoin de reconnaissance dans l'art, de vêtements, de Star Wars, de sa collection de maneki-neko, de kawaï, de Keiko Takemiya, créatrice de manga et pionnière dans son style...et il a gentiment répondu avec son trait d'humour qui le caractérise à quelques questions.
Ce fut un moment riche et délicat. Plus qu'un pont entre le Japon et la France, Dominique Buisson m'a dressé des passerelles entre le passé et la modernité, l'espace et le temps, entre différentes formes de création, au travers d'objets rapportés du japon, du plus désuet, kawaï au plus emblématique et précieux. 
Ce moment d'échange entre nos deux Japon nous lie sur la terre de l'émotion et de la sensibilité. A vous d'en découvrir davantage...

Badges: Japonismes 2018 ^-^
Photos: KaT

Fillettes interprétant des petits démons   Photo: Dominique Buisson


Livres pour les tout petits ^-^  Photos: KaT

Affiche d'Hibino Katsuhiko pour les magasins PRADO
MITSU impatiente à droite
Getas en laque
Peigne de maïko datant des années 70 
Un livre de Harada Tetsuo

Préface de Issey Miyake pour le livre: Kimono, art traditionnel du Japon
Les livres de recherche

Photos: KaT
Photographies: Dominique Buisson
Quand avez-vous fait votre premier voyage au Japon? A quelle occasion?

Il y a fort, fort longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…1975, premier stage aikidô et tir à l’arc, et première immersion dans le Japon profond. J’étais padawan mais j’hésitais encore entre jedi et Dark Vador.
Maintenant je suis un vieux passant du monde. Et une cinquantaine de voyages au Japon. Dont l’un des derniers, mon premier en hiver, a été une vraie révélation. Je travaillais sur les fêtes du feu en montagne et les festivals des « hommes nus ». Sont fous ces Japonais !

Pourquoi avoir choisi principalement la photographie et l'écriture pour partager votre expérience japonaise?

J’avais commencé par la peinture parce que je voulais exister et j’avais des certitudes artistiques. Puis je me suis tourné vers la photo parce que la photo de reportage est plus aléatoire, souvent une photo de hasard au détour du chemin. Et même si le reportage est calibré dans tous ses détails, il reste toujours l’imprévu, la faute technique qui crée autre chose, un train raté, ou un joli typhon… Après, il a fallut écrire des textes pour accompagner les images. Et publier pour la presse pendant une quinzaine d’années tout en vendant mes photos par agence. Les articles de presse étant trop courts pour nuancer et trop sujets à coupes pour des problèmes de mise en page ou de publicité, je suis passé aux livres et mon écriture a évolué avec mon goût pour la recherche. C’est ce qui m’a passionné pendant près de 30 ans. Aujourd'hui, je travaille moins pour l’édition et plus en tant que consultant et qu’enseignant de civilisation japonaise. J’ai aussi une écriture personnelle, poésie, nouvelles et romans, où le Japon y est toujours présent, soit directement soit indirectement comme soubassement d’une logique romanesque.

Qu'est-ce qui vous surprend le plus dans le comportement des japonais?

L’extrême respect des autres, la fluidité des rapports sociaux, qui peuvent aller jusqu’à l’infantilisation. Dans ce respect, il y a des notions comme la propreté, l’hospitalité, le service…
En tant qu’étranger, je sais que dans ce monde si « japonais », je serai toujours une chose autre, une sorte de panda. Le panda est attirant, séduisant (parfois mignon) ; on adore aller le voir. Mais on sait que le panda est un animal sauvage, qu’il peut être dangereux. Alors, c’est plus sécurisant lorsqu’il est parqué, au zoo ou dans la dénomination «gaijin» (qui signifie étranger en japonais).

Quelle est la rencontre, la situation qui vous a le plus transporté d'émotion?

La rencontre ? Celle d’une fille dans le métro qui se trouvait séparée de moi par une foule compacte. Echanges de regards insistants, rares à l’époque pour une Japonaise, pendant plusieurs stations. Et puis…rien. Elle est descendue et j’ai continué mon chemin. Je n’ai pas osé… Pourtant, à cette époque, je voyageais au hasard en suivant des regards. Une tête sympa, un joli sourire, un groupe d’enfants curieux, une grand-mère rigolote, je descendais au même endroit. Ensuite je cherchais à me loger et je visitais. J’ai pu ainsi, pendant plusieurs années,  aller dans tous les coins du Japon sans parler un mot de japonais à part « où sont les toilettes ? », « merci », « bonjour »…, enfin une dizaine de phrases simples.
Il y a eu aussi cette rencontre avec une vieille nonne bouddhiste. Je cherchais un temple d’Hikone réputé pour ses jardins et je me suis trompé de bâtiment. J’ai frappé à la mauvaise porte, on est venu m’ouvrir, j’ai demandé à voir le jardin, il y a eu un regard interrogatif mais aussitôt on m’a prié de rentrer (il faisait -6°). La personne m’a conduit jusqu’à la supérieure qui m’a invité à aller voir le fameux jardin. Or ce temple était un temple funéraire, consacré à la mémoire d’un célèbre seigneur féodal. Et le jardin n’était composé que d’une immense croix gammée (symbole de la roue des renaissances dans le bouddhisme) qui semblait posée sur la neige. Impressionnant ! La nonne m’a invité à faire zazen et m’a dit : « tout se passe ici et maintenant ».
Plus tard ce furent des émotions plus culturelles. J’ai rencontré le grand couturier Issey Miyake, le graphiste Tadanori Yokô, le créateur de kimonos Kubota Ichiku, de grands acteurs de kabuki, de grands maîtres d’arts martiaux… Tous m’ont aidé à rencontrer d’autres personnalités et à pénétrer d’autres milieux.
Au niveau de l’émotion, il y a la rencontre avec les paysages japonais, particulièrement la région de Kumano avec la cascade de Nachi et les Alpes japonaises avec les fameux macaques.

Comment qualifieriez-vous votre relation avec le Japon? Est-ce une histoire d'amitiés, voir presque d'Amour? Et pourquoi?

Ma relation avec le Japon est  très particulière : j’ai longtemps été lost in translation. J’adore ce pays, mais il y a des choses qui ne me conviennent pas, comme les relations dans le monde de l’entreprise, mais j’en comprends les raisons et la logique. Mon Japon est plutôt celui des artisans, des petites gens. J’ai toujours été très intéressé par ce pays, intrigué serait un mot plus juste, mais je ne crois pas être tombé dans l’adoration niaise. Je ne veux pas être "tatamisé". Je veux garder vivace le désir d’y retourner, d’y apprendre des choses, de me remettre en question. J’aime comme vous le savez cet exil temporaire où il faut se faire et se défaire alternativement de la France et du Japon. Le Japon me manque d’ailleurs plus dans ses petits détails que dans ses grands monuments et même ses paysages. En fait c’est l’humain qui me manque le plus.

Quels sont, selon vous, les points communs entre la scène artistique japonaise et française?

Les points communs, je ne sais pas… Je sais qu’on peut (peut-être plus qu’avec d’autres pays) se rencontrer sur des exigences communes (qualité, originalité, renouveau) mais bien que le monde se « mondialise » de plus en plus dans l’uniformisation, il ne faut jamais oublier que nos bases culturelles (la façon dont on aborde le monde) sont très différentes, voire opposées. C’est pour cela que le Japon est toujours aussi intrigant. Le corps et le groupe avant le cerveau et l’individu.


Si vous aviez seulement trois mots pour décrire la création artistique japonaise. Ce seraient lesquels?

Audace, honnêteté, corporalité.

Dans le cadre de Japonismes 2018, où la France actuellement à l'heure du Japon, je mets en avant à travers le blog, des artistes, des personnalités françaises ayant des "ponts" avec le Japon.
Mais au fait, quelle est la symbolique du pont dans la culture et civilisation japonaise?

Le pont, vaste question. L’espace japonais est un espace en deux dimensions ; la ligne de fuite n’est pas recevable dans ces micro-paysages que sont les vallées japonaises. Tout est petit ici. Il faut donc donner de l’importance non pas à la dimension métrique mais au temps qu’il faut pour la franchir. D’où cette culture de seuils qui marquent la succession d’espaces en deux dimensions. La troisième dimension ? C’est de fait le passage, l’espace-temps qu’on appelle ma. Le pont est donc avant tout le lieu où s’exerce le passage. Et je dirais, plus à travers l’expérience du corps que de l’intention du symbole. Le pont relie, bien sûr, mais si l’on regard un pont dans un jardin de thé, il est très souvent scindé en sections décalées pour éviter la ligne droite trop autoritaire. Car il relie tout en séparant. Il est comme la véranda dans la maison traditionnelle : elle sépare le jardin de la maison, mais comme elle est sous le toit de la maison, elle est la maison, mais comme elle est la première marche du jardin, elle est le jardin…. Autrement dit, elle est la synthèse du jardin et de la maison. CQFD.
Il y a un certain nombre de ponts connus au Japon, les deux plus photographiés relient d’ailleurs le passé au futur : c’est le pont Shinkyô qui mène au grand mausolée de Nikkô et le pont Rainbow bridge qui nous emmène à Odaiba (Tôkyô). Mais aux ponts, je préfère les passerelles qui enjambent les grandes rues dans les villes. Elles ont souvent un petit côté années 50, vibrent un peu, permettent pour certaines le passage des vélos par des rampes. Elles font parties de ces petits détails dont je parlais tout à l’heure.
Le pont c’est aussi un lieu pour l’imprévu. C’est pour ça que mon pont préféré est celui qu’emprunte l’avion pour aller de Paris à Tôkyô. En altitude et pendant 12 heures, on s’y défait de soi-même, on range son égo au fond des bagages et on se prépare à renaître. On y fait des rencontres, on y observe ses semblables et on relative. Après 10 heures de vol, on a tous les yeux cernés, la joue froissée, les chevilles enflées… mais on rêve tellement du pays que l’on va visiter.

Le titre de la manifestation Japonismes 2018 fait référence au premier engouement des artistes français pour cette culture, notamment chez les peintres du XIX ème siècle. Quels sont, selon vous, les artistes qui ont le mieux exprimé cette influence japonaise?

Le regard japonais est en partie influencé par le bouddhisme. Il sait que tout n’est qu’illusion, il ne cherche pas à démontrer mais à suggérer par le hors champs, en particulier. Celui-ci suscite une interrogation et donc crée un mouvement qui est autre que pictural. Il crée la vie sans la copier nécessairement. Le maître absolu pour moi de cette capacité à donner vie est Hokusai. Les Impressionnistes ne s’y sont pas trompés ; ils ont récupéré les cadrages décalés, le non peint, le vide et surtout les sujets de vie quotidienne. Plus tard, il y a eu Foujita. Il est pour moi, le pont parfait entre nos deux cultures. Arrivé en 1913 à Paris avec son bagage traditionnel de peintre japonais, il a su devenir un artiste de l’Ecole de Paris, sans renier sa culture tout en innovant. A terme il est devenu comme la véranda, un artiste synthèse de l’Orient et de l’Occident. Idem, encore plus tard, pour Issey Miyake…

Chaque fois que je vais au Japon, j'ai des sensations un peu exacerbées et certaines interrogations. Vous allez sûrement m'éclaicir la voie sur certains sujets.
Je trouve par exemple que les japonais sont de "grands enfants" dans leurs goûts, leurs comportements... et que Tokyo est une mégapole faite pour des enfants, par exemple, au travers de la signalétique dans la ville.
Comment peut-on expliquer cela?

A mes yeux, le Japon passe à tord pour le pays de la virilité. Le mythe du samurai est puissant et le Japon l’auto-entretient. Mais je trouve au contraire que le Japon est très maternel. Tout est conçu pour envelopper, protéger, prévenir, fluidifier. L’accueil est partout féminin, physiquement et auditivement. C’est un peu comme le bain traditionnel où l’eau très chaude, atténue les crispations, met les tensions en état de veille. De fait, les hommes japonais se reposent entièrement sur cette «maternisation». Lire pour cela le concept d’amae de Takeo Doi. La société japonaise comme l’enfant a besoin d’indulgence. C’est une des manières d’adoucir, les règles très strictes du jeu des obligations sociales (ongimugiri) qui remontent à la féodalité.
De plus la culture kawaii met du mignon partout pour rendre le monde plus « gentil ». Le kawaii a toujours existé, même à l’époque Heian (794-1185), mais aujourd’hui, il est devenu un tic, voire un toc. La population japonaise a une niveau de vie relativement élevé et 80% de la population a le même. L’éducation est hyper développée depuis le XVIIIe siècle. Donc il y a une grande homogénéité qui favorise la stabilité et l’adhésion des règles de vie en commun.

Pour moi, le Japon est le pays de la philocalie. D'où provient ce tel raffinement, ce sens de la justesse, de l'équilibre dans le beau?

Le raffinement japonais vient de très nombreuses sources. La première peut-être est la violence de la géographie qui implique destructions et renaissances régulières ainsi qu’un raffinement extrême de « compensation ».
Deux conceptions esthétiques de base : le mystère de la beauté discrète de la culture impériale ancienne et les concepts de frugalité et d’abnégation des guerriers. A cela, il faut ajouter deux préceptes religieux fondamentaux : l’humilité du transitoire du bouddhisme et l’esthétique de la pureté du shintô. Ajoutez à cela l’excellence des artisans à travers la dynamique de transformation et l’éthique de partage, la culture du riz qui implique l’engagement et le sérieux de toute la communauté villageoise, l’harmonie avec la nature (voir mon article dans Esthétique du quotidien au Japon, inIFM/REGARD).
Enfin, il ne faut pas oublier que, pour les dirigeants japonais, comme pour ceux de la Chine ancienne, l’art est une nécessité essentielle à un bon gouvernement.

Il y a une notion qui m'intrigue et que je trouve surprenante, c'est la notion "d'évaporé". Ce sont ces personnes qui disparaissent et que personne ne recherche. J'ai découvert ce phénomène avec le roman de Thomas B Reverdy " Les évaporés".
Pouvez-vous me parler de ce phénomène?

Je ne connais pas grand-chose des évaporés. Il y a beaucoup plus de reclus, d’otaku, d’hikikomori (ils vivent cloîtrés, coupés du monde pour une durée indéterminée), que d’évaporés, même si le nombre semble augmenter significativement. Pour moi, la jeune génération "s'évapore" à travers les réseaux sociaux et c'est tout autant inquiétant. 

Quel serait votre mantra pour un Mood World Idéal?

Il y en a deux :
Rêve ta vie ici et maintenant
On s’est rencontrés sur le bon chemin, alors on se reverra.

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L'actualité 2018-19 de Dominique Buisson:
- Cours de civilisation japonaise à Chartres, Dreux. 2h tous les 15 jours, d’octobre à juin.
- Emissions mensuelle d’une ½ heure Instant Japon pour Radio Grand Ciel, d’octobre à juin.
- Prises de vue des œuvres du sculpteur Harada Tetsuo pour son catalogue général.
- 8 octobre, conférence à Blois sur la politesse au Japon.
- 21 octobre à 17h, conférence au musée du Quai Branly sur l’esprit du bambou.
- 5 novembre, conférence à Blois sur les geishas.
- 26 novembre, conférence à Blois sur la lumière des cathédrales et l’ombre des temples bouddhiques.
- Consultant pour ARTE sur une série de documentaires qui seront diffusés à partir de décembre.
- 10 janvier, conférence à Maintenon sur les jardins japonais.
- Du 5 avril au 5 mai, invité d’honneur à la biennale photographique #2 de Houdan.

Et pour avoir un deuxième oeil sur le Japon, vous pouvez découvrir le portrait d'Ambre Cardinal, créatrice de Bijou Mobil qui a de beaux liens avec ce surprenant pays.

Et si vous êtes curieux du phénomène des hikikomori, regardez le film de Bong Joon-Ho: Tokyo.


  Bong Joon-Ho: Tokyo

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AMBRE CARDINAL. LE BIJOU COMME LANGAGE DE FÉMINITÉ.

28 juin 2018

J'ai eu la chance de découvrir le travail d'Ambre Cardinal  par sa ligne de bijoux BIJOU MOBIL lors du dernier salon NOW LE OFF, en septembre 2017.
Et ce fut un grand coup de coeur artistique, plein d'émotions, avec une présentation singulière où ses créations étaient exposées sur de magnifiques photographies imprimées sur du bois japonais. 
Ambre Cardinal est une virtuose du fil d'or et du mouvement; elle crée avec pureté et onirisme un langage artistique autour de nos cous, nos bras, nos visages. Ses bijoux se portent de multiples façons, ce qui les rends encore plus créatifs et intimes. Tout cela est le fruit de l'intelligence de son travail inspiré par l'art cinétique, le travail de Calder, le métissage des genres et le Japon.

On s'était donnez rendez-vous pour un portrait-créateur, et neuf mois après, alors qu'elle travaille sur le deuxième opus de sa ligne de bijoux: SENSE,  qui va être présentée en septembre 2018, je vous offre la source de son inspiration, sa sensibilité et ses liens évidents avec le pays du soleil-levant.

Ce nouveau portrait d'artiste inaugure une série de posts à venir sur la relation qu'entretiennent des personnalités, artistes, créateurs avec le Japon; car oui ces prochains neufs mois vont être so, so nippons à Paris et ailleurs en France, avec Japonismes 2018 qui célèbre le 160 ème anniversaire des relations culturelles entre le Japon et la France, ainsi que le 150 ème anniversaire de l'ère Meiji lorsque le Japon s'ouvrit à l'Occident. 
Photos: KaT et Ambre Cardinal 
"Quand je retourne au Japon, c'est comme rentrer à la maison."


Dans l'atelier, une photographie de Ren Hang.



Scènes de l'atelier situé dans le Marais à Paris.
BIJOU MOBIL
"Mon travail est une recherche constante d'harmonie entre la ligne et le corps."
Bague Sayun  BIJOU MOBIL
Ambre, tu es une artiste pluridisciplinaire. 
Tu fais des photographies d'art, tu réalises des vidéos pour présenter ta ligne BIJOU MOBIL. Comment se déroule le processus?
Je pense simultanément la création du bijou et de la vidéo; une histoire se compose. Ensuite vient l'étape de la photographie qui est une manière d'incarner le bijou. 

A travers tes créations tu souhaites créer une féminité universelle. 
En quoi est-ce important pour toi?
J'ai un retour positif des femmes qui portent mes bijoux. Elles me disent qu'elles se sentent plus femmes, plus élégantes, elles prennent davantage confiance en elles. C'est le grand intérêt pour moi de faire des bijoux.
"Universelle" car je suis métisse et que je voyage beaucoup. Je prône la diversité, la culture universelle. J'adore voir les couples mixtes dans la rue. Visuellement et culturellement il se passe toujours quelque chose d'intéressant. C'est en se confrontant à une autre culture qu'on apprend le plus sur soi-même.

Le mouvement est principalement à l'origine de tes créations. Tu fais souvent référence à la danse, l'inspiration cinétique, le mobile... Pourquoi?
L'être humain est impermanent et tout le temps en mouvement. La vie est une danse. Ce que je crée est très onirique et suscite l'évasion de l'esprit, comme quand on regarde le travail de Calder, notamment avec le Cirque. J'aime observer l'équilibre de l'objet sur le corps en mouvement.

Créer pour toi est-il source de bonheur?
J'ai mis du temps à réaliser que j'avais absolument besoin de créer. A partir du moment où j'ai accepté çela, je me suis entièrement investie dans la création, je me suis épanouie.

Quelles est ton histoire où les différents "ponts" avec le Japon?
J'ai découvert le japon pour la première fois quand j'avais 20 ans, avec ma mère qui a travaillé là-bas; et je suis tombée amoureuse de ce pays. J'ai absolument voulu y retourner et j'ai vécu pendant un an au Japon grâce à un working holiday visa. C'était ma première expérience seule dans un pays de culture totalement différente. Je suis très sensible à la richesse de l'esthétisme japonais, la diversité des matières, le sens pointu du détail. Le Japon m'a permis de me révéler artistiquement. J'ai ensuite obtenu un visa d'artiste. Mon agent japonais m'a aidé à exposer mon travail dans diverses galeries de Tokyo.
Quand je retourne au Japon, c'est comme rentrer à la maison! C'est vraiment ma deuxième maison et surtout ma bulle créative.
Le prochain volet de la collection: SENSE sortira en septembre et je l'ai pensé à Tokyo, ainsi que la vidéo le présentant. 

Comment sont accueillies tes créations au Japon?
Les japonais ont un rapport très particulier avec l'objet, c'est leur côté animistes. Ils aiment mes bijoux pour leur finesse, leur délicatesse poétique, ce qui fait écho avec leur sens de l'esthétisme. Les japonais sont très curieux, ils me suivent beaucoup sur les réseaux sociaux. Je reviens du Japon où ma collection était exposée à Tsutaya Daikanyama et Tsutaya Ginza à Tokyo. J'ai aussi collaboré avec Emi Suzuki créatrice de la marque Lautashi.

Quelle personnalité japonaise t'inspire tout particulièrement?
J'ai eu la chance de baigner dans l'univers de la musique électro au Japon. J'y ai découvert de nombreux artistes dont Kuniyuki Takahashi, un sound-designer hors pair. Il vit à Hokkaido où il crée des sons empruntés à la nature et enrichis par des instruments de divers pays. Ses morceaux sont universels et invitent au voyage. 
Il a d'ailleurs crée la musique d'une de mes vidéos, à partir de sons de respirations.

Dans quel mood es-tu quand tu pars pour le Japon?
Dans le mood "Tadaima!"只今 ( Je suis rentrée ).

Quel est ton mantra pour un Mood World idéal?
Le bonheur vient du contentement.
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PARIS OU TOKYO? LEURS COEURS BALANCENT...


Japonisme encore et encore....Pour ceux qui viennent d'arriver sur le blog, de mai 2018 à février 2019 c'est dix mois de japonismes2018, qui marquent le 160 ème anniversaire des relations diplomatiques et culturelles entre le Japon et la  France. Donc pleins d'évènements ^-^ dans Paris et ailleurs en France.
Pour cette occasion, j'ai réalisée sur le blog des portraits de personnalités, d'artistes français ayant des "ponts" culturels avec le japon. C'est ici et , et d'autres suivront très prochainement.
Aujourd'hui je vous fait découvrir deux japonaises qui ont choisi la France et Paris pour y vivre et créer leur activité qui les relie au Japon. Chieko Tanaka qui a créé avec une amie française la délicieuse boutique Brigitte Tanaka qui est parsemée de petits trésors franco-japonais, et Minako Norimatsu, styliste, journaliste et consultante mode. Allez voir en ce moment ses stories Instagram sur la Fashion Week Paris.
Les deux français qui sont partis au Japon, à Tokyo; par attraction pour l'une et inspiration pour l'autre, il s'agit d'Agathe Parmentier, auteur du livre "Pourquoi Tokyo". Elle est partie presque sur un coup de tête en 2014 pour une totale immersion. Son livre est drôle, décalé et on en apprend beaucoup sur la notion de solitude et ses détournements dans cette grande mégapole. Quant à l'artiste photographe-bricolo-artisan K-NARF, que j'ai eu la chance de rencontrer à Tokyo en 2017, il s'est installé là où il a trouvé l'inspiration et l'amour; c'est à dire à Tokyo. Depuis trois ans il travaille sur un projet titanesque " hatarakimono" project. Le jeudi 08 novembre  il fera une présentation et signature du livre qui en découle aux Editions Dilecta à Paris. Son portrait est IcI. 
Les photos qui suivent sont tirées de leur Instagram.
Chieko Tanaka de la boutique Brigitte Tanaka

Agathe Parmentier Pourquoi Tokyo?
K-NARF dans son studio à Tokyo
Studio de knarf
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FUROSHIKI PARIS.

Ce week-end un furoshiki géant a poussé sur le parvis de de l'hotel de ville de Paris, sous un beau ciel bleu! Un cadeau de la ville de Tokyo à celle de Paris dans le cadre de Tandem paris-Tokyo , parallèlement à Japonismes2018 qui fête le 150 ème anniversaire de l'ère Meiji et les 160 ans de relations culturelles entre la France et le Japon. Vous avez jusqu'au 06 novembre pour découvrir l'intérieur de ce beau pavillon qui accueille sous une mise en scène colorée et aérienne, de multiples furoshikis qui frôlent le bout de votre nez. Des artistes japonais et français ont renouvelé l'esthétisme de cet "éco-bag" ancestral sous le thème "Cycle de la nature". Les premiers furoshikis servaient au VIII ème siècle à emballer les vêtements avant les bains. Par la suite, cette oeuvre d'art textile, de part les motifs et les pliages qui la composent, trouve de multiples utilisations pratiques et hospitalières; comme l'emballage des cadeaux, où les japonais investissent une part d'eux-mêmes, sans quoi le furoshiki perd de sa force.
Et suivant le culte de l'esthétisme de l'éphémère "Mono no aware" ce furoshiki disparaîtra le 07 novembre.
Photos: KaT
Le furoshiki géant au motif "kara"
Furoshiki à partir du détail d'une oeuvre de Ito Jakuchu
Design d'Hiroko Koshino
Design de Kashiwa Sato
Et voici mon furoshiki réalisé avec un tissu au design original de l'île de Naoshima acheté chez Apron Café lors de mon dernier séjour au Japon.

^-^
Mais au fait connaissez-vous le "Tenugui"? Alors c'est IcI.
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SHIBUYA - CURIOSITÉ DE TOKYO


La semaine dernière Paris était so so photo!
Mais je déserte les grandes foires de la photo comme Paris Photo au Grand Palais, car il y a beaucoup trop de monde et un esprit trop "supermarket" de la photo. Je préfère la démarche de fotoverparis qui laisse davantage la place à l'émergence de nouvelles galeries, de nouveaux talents de la photo. Mais surtout je regrette tant ce parcours sur le quai Branly de Photoquai (mes posts sur Photoquai IcI et ). C'était jusqu'en 2015, un rendez-vous gratuit ^-^ qui mettait en avant des photographes étrangers dont l'oeuvre était inédite en France et qui suscitait, par la mise en scène de Patrick Joindes croisements de regards sur le monde.
Cette année, dans la programmation de japonismes2018 il y a une belle exposition gratuite: "Shibuya - Curiosités de Tokyo", à la mairie de IV ème arrondissement, salle Jean Mouly, jusqu'au 17 novembre 2018, avec une sélection de merveilleux livres de photographie provenant de Tokyo. cette exposition ne se limite pas au prises de vues du fameux et très populaire "Shibuya crossing". Elle invite le spectateur à ressentir la beauté, la tristesse, l'atmosphère, les gestes, les comportements, le souffle, de ce quartier en pleine mutation, au travers l'expression de cents photographes.
Cette exposition est présentée par la commissaire et fondatrice de Tokyo-Ga: Naoko Ohta.

Shibuya - Curiosité de Tokyo
Jusqu'au 17/11/2018
Du lundi au samedi de 11 h à 17 h
Mairie du IV ème arrondissement - 2 place Baudoyer 75 004 Paris.

 Photos: Haruhi Fujui
 Photo: Muga Miyahara " A memory of fish is there"
 Photo: Eriko Koga
 
 Photo: Washio Kazuhiko
  Photos: Haruhi Fujui


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