AMOUR, ART ET JAPON EN UN KISS...

Grand mariage princier ce weekend avec un vent de modernité. Palme d'or à Cannes pour le réalisateur japonais Kore-Eda Hirokazu avec Un air de famille. Rapidement est survenu dans mes pensées l'animation Kiss de l'artiste japonais Takahiro Kimura.

Il mixe la peinture, le collage pour déconstruire, créer des visages aux formes asymétriques où le beau devient laid ou le contraire. En tous cas, ces métamorphoses suscitent la joie, la colère, le doute...à vous de voir, absolument IcI et Là.

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DOMINIQUE BUISSON, L'HOMME TOUT À FAIT JAPON.

Quand j'ai été informée au printemps dernier de l'évènement Japonismes 2018 qui fête les 160 ans des relations diplomatiques entre le Japon et la France, ainsi que le 150 ème anniversaire de l'ère Meiji, quand le pays s'ouvrit à l'Occident; j'ai voulu présenter sur le blog différents portraits d'artistes, créateurs, personnalités ayant des "ponts" culturels, professionnels avec le Japon. J'ai tout de suite pensé comme une grande évidence à Dominique Buisson, car il est l'homme idéal de la situation puisqu'il est tout à fait Japon ^-^
Depuis longtemps il a consolidé des liens d'amitiés par de multiples voyages entre le Japon et la France, en les partageant à travers l'écriture, la photographie, les conférences, la recherche sur la civilisation japonaise. Vous pouvez retrouver tout cela sur son site: Le Japon de Dominique Buisson et écoutez Instant Japon sur Radio Grand Ciel, c'est délectable.
Le rencontrer au sein de son antre, où tous ses projets naissent et se finalisent sous différentes formes, dans de nombreuses archives, livres, était comme si j'avais rendez-vous avec Buisson Dominique sensei (maître en japonais et on inverse le prénom avec le nom) pour un instant Japon privilégié.
Sous le regard de son chat Mitsu, près des bambous, nous avons parlé de notion d'espace et de temps, de besoin de reconnaissance dans l'art, de vêtements, de Star Wars, de sa collection de maneki-neko, de kawaï, de Keiko Takemiya, créatrice de manga et pionnière dans son style...et il a gentiment répondu avec son trait d'humour qui le caractérise à quelques questions.
Ce fut un moment riche et délicat. Plus qu'un pont entre le Japon et la France, Dominique Buisson m'a dressé des passerelles entre le passé et la modernité, l'espace et le temps, entre différentes formes de création, au travers d'objets rapportés du japon, du plus désuet, kawaï au plus emblématique et précieux. 
Ce moment d'échange entre nos deux Japon nous lie sur la terre de l'émotion et de la sensibilité. A vous d'en découvrir davantage...

Badges: Japonismes 2018 ^-^
Photos: KaT

Fillettes interprétant des petits démons   Photo: Dominique Buisson


Livres pour les tout petits ^-^  Photos: KaT

Affiche d'Hibino Katsuhiko pour les magasins PRADO
MITSU impatiente à droite
Getas en laque
Peigne de maïko datant des années 70 
Un livre de Harada Tetsuo

Préface de Issey Miyake pour le livre: Kimono, art traditionnel du Japon
Les livres de recherche

Photos: KaT
Photographies: Dominique Buisson
Quand avez-vous fait votre premier voyage au Japon? A quelle occasion?

Il y a fort, fort longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…1975, premier stage aikidô et tir à l’arc, et première immersion dans le Japon profond. J’étais padawan mais j’hésitais encore entre jedi et Dark Vador.
Maintenant je suis un vieux passant du monde. Et une cinquantaine de voyages au Japon. Dont l’un des derniers, mon premier en hiver, a été une vraie révélation. Je travaillais sur les fêtes du feu en montagne et les festivals des « hommes nus ». Sont fous ces Japonais !

Pourquoi avoir choisi principalement la photographie et l'écriture pour partager votre expérience japonaise?

J’avais commencé par la peinture parce que je voulais exister et j’avais des certitudes artistiques. Puis je me suis tourné vers la photo parce que la photo de reportage est plus aléatoire, souvent une photo de hasard au détour du chemin. Et même si le reportage est calibré dans tous ses détails, il reste toujours l’imprévu, la faute technique qui crée autre chose, un train raté, ou un joli typhon… Après, il a fallut écrire des textes pour accompagner les images. Et publier pour la presse pendant une quinzaine d’années tout en vendant mes photos par agence. Les articles de presse étant trop courts pour nuancer et trop sujets à coupes pour des problèmes de mise en page ou de publicité, je suis passé aux livres et mon écriture a évolué avec mon goût pour la recherche. C’est ce qui m’a passionné pendant près de 30 ans. Aujourd'hui, je travaille moins pour l’édition et plus en tant que consultant et qu’enseignant de civilisation japonaise. J’ai aussi une écriture personnelle, poésie, nouvelles et romans, où le Japon y est toujours présent, soit directement soit indirectement comme soubassement d’une logique romanesque.

Qu'est-ce qui vous surprend le plus dans le comportement des japonais?

L’extrême respect des autres, la fluidité des rapports sociaux, qui peuvent aller jusqu’à l’infantilisation. Dans ce respect, il y a des notions comme la propreté, l’hospitalité, le service…
En tant qu’étranger, je sais que dans ce monde si « japonais », je serai toujours une chose autre, une sorte de panda. Le panda est attirant, séduisant (parfois mignon) ; on adore aller le voir. Mais on sait que le panda est un animal sauvage, qu’il peut être dangereux. Alors, c’est plus sécurisant lorsqu’il est parqué, au zoo ou dans la dénomination «gaijin» (qui signifie étranger en japonais).

Quelle est la rencontre, la situation qui vous a le plus transporté d'émotion?

La rencontre ? Celle d’une fille dans le métro qui se trouvait séparée de moi par une foule compacte. Echanges de regards insistants, rares à l’époque pour une Japonaise, pendant plusieurs stations. Et puis…rien. Elle est descendue et j’ai continué mon chemin. Je n’ai pas osé… Pourtant, à cette époque, je voyageais au hasard en suivant des regards. Une tête sympa, un joli sourire, un groupe d’enfants curieux, une grand-mère rigolote, je descendais au même endroit. Ensuite je cherchais à me loger et je visitais. J’ai pu ainsi, pendant plusieurs années,  aller dans tous les coins du Japon sans parler un mot de japonais à part « où sont les toilettes ? », « merci », « bonjour »…, enfin une dizaine de phrases simples.
Il y a eu aussi cette rencontre avec une vieille nonne bouddhiste. Je cherchais un temple d’Hikone réputé pour ses jardins et je me suis trompé de bâtiment. J’ai frappé à la mauvaise porte, on est venu m’ouvrir, j’ai demandé à voir le jardin, il y a eu un regard interrogatif mais aussitôt on m’a prié de rentrer (il faisait -6°). La personne m’a conduit jusqu’à la supérieure qui m’a invité à aller voir le fameux jardin. Or ce temple était un temple funéraire, consacré à la mémoire d’un célèbre seigneur féodal. Et le jardin n’était composé que d’une immense croix gammée (symbole de la roue des renaissances dans le bouddhisme) qui semblait posée sur la neige. Impressionnant ! La nonne m’a invité à faire zazen et m’a dit : « tout se passe ici et maintenant ».
Plus tard ce furent des émotions plus culturelles. J’ai rencontré le grand couturier Issey Miyake, le graphiste Tadanori Yokô, le créateur de kimonos Kubota Ichiku, de grands acteurs de kabuki, de grands maîtres d’arts martiaux… Tous m’ont aidé à rencontrer d’autres personnalités et à pénétrer d’autres milieux.
Au niveau de l’émotion, il y a la rencontre avec les paysages japonais, particulièrement la région de Kumano avec la cascade de Nachi et les Alpes japonaises avec les fameux macaques.

Comment qualifieriez-vous votre relation avec le Japon? Est-ce une histoire d'amitiés, voir presque d'Amour? Et pourquoi?

Ma relation avec le Japon est  très particulière : j’ai longtemps été lost in translation. J’adore ce pays, mais il y a des choses qui ne me conviennent pas, comme les relations dans le monde de l’entreprise, mais j’en comprends les raisons et la logique. Mon Japon est plutôt celui des artisans, des petites gens. J’ai toujours été très intéressé par ce pays, intrigué serait un mot plus juste, mais je ne crois pas être tombé dans l’adoration niaise. Je ne veux pas être "tatamisé". Je veux garder vivace le désir d’y retourner, d’y apprendre des choses, de me remettre en question. J’aime comme vous le savez cet exil temporaire où il faut se faire et se défaire alternativement de la France et du Japon. Le Japon me manque d’ailleurs plus dans ses petits détails que dans ses grands monuments et même ses paysages. En fait c’est l’humain qui me manque le plus.

Quels sont, selon vous, les points communs entre la scène artistique japonaise et française?

Les points communs, je ne sais pas… Je sais qu’on peut (peut-être plus qu’avec d’autres pays) se rencontrer sur des exigences communes (qualité, originalité, renouveau) mais bien que le monde se « mondialise » de plus en plus dans l’uniformisation, il ne faut jamais oublier que nos bases culturelles (la façon dont on aborde le monde) sont très différentes, voire opposées. C’est pour cela que le Japon est toujours aussi intrigant. Le corps et le groupe avant le cerveau et l’individu.


Si vous aviez seulement trois mots pour décrire la création artistique japonaise. Ce seraient lesquels?

Audace, honnêteté, corporalité.

Dans le cadre de Japonismes 2018, où la France actuellement à l'heure du Japon, je mets en avant à travers le blog, des artistes, des personnalités françaises ayant des "ponts" avec le Japon.
Mais au fait, quelle est la symbolique du pont dans la culture et civilisation japonaise?

Le pont, vaste question. L’espace japonais est un espace en deux dimensions ; la ligne de fuite n’est pas recevable dans ces micro-paysages que sont les vallées japonaises. Tout est petit ici. Il faut donc donner de l’importance non pas à la dimension métrique mais au temps qu’il faut pour la franchir. D’où cette culture de seuils qui marquent la succession d’espaces en deux dimensions. La troisième dimension ? C’est de fait le passage, l’espace-temps qu’on appelle ma. Le pont est donc avant tout le lieu où s’exerce le passage. Et je dirais, plus à travers l’expérience du corps que de l’intention du symbole. Le pont relie, bien sûr, mais si l’on regard un pont dans un jardin de thé, il est très souvent scindé en sections décalées pour éviter la ligne droite trop autoritaire. Car il relie tout en séparant. Il est comme la véranda dans la maison traditionnelle : elle sépare le jardin de la maison, mais comme elle est sous le toit de la maison, elle est la maison, mais comme elle est la première marche du jardin, elle est le jardin…. Autrement dit, elle est la synthèse du jardin et de la maison. CQFD.
Il y a un certain nombre de ponts connus au Japon, les deux plus photographiés relient d’ailleurs le passé au futur : c’est le pont Shinkyô qui mène au grand mausolée de Nikkô et le pont Rainbow bridge qui nous emmène à Odaiba (Tôkyô). Mais aux ponts, je préfère les passerelles qui enjambent les grandes rues dans les villes. Elles ont souvent un petit côté années 50, vibrent un peu, permettent pour certaines le passage des vélos par des rampes. Elles font parties de ces petits détails dont je parlais tout à l’heure.
Le pont c’est aussi un lieu pour l’imprévu. C’est pour ça que mon pont préféré est celui qu’emprunte l’avion pour aller de Paris à Tôkyô. En altitude et pendant 12 heures, on s’y défait de soi-même, on range son égo au fond des bagages et on se prépare à renaître. On y fait des rencontres, on y observe ses semblables et on relative. Après 10 heures de vol, on a tous les yeux cernés, la joue froissée, les chevilles enflées… mais on rêve tellement du pays que l’on va visiter.

Le titre de la manifestation Japonismes 2018 fait référence au premier engouement des artistes français pour cette culture, notamment chez les peintres du XIX ème siècle. Quels sont, selon vous, les artistes qui ont le mieux exprimé cette influence japonaise?

Le regard japonais est en partie influencé par le bouddhisme. Il sait que tout n’est qu’illusion, il ne cherche pas à démontrer mais à suggérer par le hors champs, en particulier. Celui-ci suscite une interrogation et donc crée un mouvement qui est autre que pictural. Il crée la vie sans la copier nécessairement. Le maître absolu pour moi de cette capacité à donner vie est Hokusai. Les Impressionnistes ne s’y sont pas trompés ; ils ont récupéré les cadrages décalés, le non peint, le vide et surtout les sujets de vie quotidienne. Plus tard, il y a eu Foujita. Il est pour moi, le pont parfait entre nos deux cultures. Arrivé en 1913 à Paris avec son bagage traditionnel de peintre japonais, il a su devenir un artiste de l’Ecole de Paris, sans renier sa culture tout en innovant. A terme il est devenu comme la véranda, un artiste synthèse de l’Orient et de l’Occident. Idem, encore plus tard, pour Issey Miyake…

Chaque fois que je vais au Japon, j'ai des sensations un peu exacerbées et certaines interrogations. Vous allez sûrement m'éclaicir la voie sur certains sujets.
Je trouve par exemple que les japonais sont de "grands enfants" dans leurs goûts, leurs comportements... et que Tokyo est une mégapole faite pour des enfants, par exemple, au travers de la signalétique dans la ville.
Comment peut-on expliquer cela?

A mes yeux, le Japon passe à tord pour le pays de la virilité. Le mythe du samurai est puissant et le Japon l’auto-entretient. Mais je trouve au contraire que le Japon est très maternel. Tout est conçu pour envelopper, protéger, prévenir, fluidifier. L’accueil est partout féminin, physiquement et auditivement. C’est un peu comme le bain traditionnel où l’eau très chaude, atténue les crispations, met les tensions en état de veille. De fait, les hommes japonais se reposent entièrement sur cette «maternisation». Lire pour cela le concept d’amae de Takeo Doi. La société japonaise comme l’enfant a besoin d’indulgence. C’est une des manières d’adoucir, les règles très strictes du jeu des obligations sociales (ongimugiri) qui remontent à la féodalité.
De plus la culture kawaii met du mignon partout pour rendre le monde plus « gentil ». Le kawaii a toujours existé, même à l’époque Heian (794-1185), mais aujourd’hui, il est devenu un tic, voire un toc. La population japonaise a une niveau de vie relativement élevé et 80% de la population a le même. L’éducation est hyper développée depuis le XVIIIe siècle. Donc il y a une grande homogénéité qui favorise la stabilité et l’adhésion des règles de vie en commun.

Pour moi, le Japon est le pays de la philocalie. D'où provient ce tel raffinement, ce sens de la justesse, de l'équilibre dans le beau?

Le raffinement japonais vient de très nombreuses sources. La première peut-être est la violence de la géographie qui implique destructions et renaissances régulières ainsi qu’un raffinement extrême de « compensation ».
Deux conceptions esthétiques de base : le mystère de la beauté discrète de la culture impériale ancienne et les concepts de frugalité et d’abnégation des guerriers. A cela, il faut ajouter deux préceptes religieux fondamentaux : l’humilité du transitoire du bouddhisme et l’esthétique de la pureté du shintô. Ajoutez à cela l’excellence des artisans à travers la dynamique de transformation et l’éthique de partage, la culture du riz qui implique l’engagement et le sérieux de toute la communauté villageoise, l’harmonie avec la nature (voir mon article dans Esthétique du quotidien au Japon, inIFM/REGARD).
Enfin, il ne faut pas oublier que, pour les dirigeants japonais, comme pour ceux de la Chine ancienne, l’art est une nécessité essentielle à un bon gouvernement.

Il y a une notion qui m'intrigue et que je trouve surprenante, c'est la notion "d'évaporé". Ce sont ces personnes qui disparaissent et que personne ne recherche. J'ai découvert ce phénomène avec le roman de Thomas B Reverdy " Les évaporés".
Pouvez-vous me parler de ce phénomène?

Je ne connais pas grand-chose des évaporés. Il y a beaucoup plus de reclus, d’otaku, d’hikikomori, que d’évaporés, même si le nombre semble augmenter significativement.

Quel serait votre mantra pour un Mood World Idéal?

Il y en a deux :
Rêve ta vie ici et maintenant
On s’est rencontrés sur le bon chemin, alors on se reverra.

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L'actualité 2018-19 de Dominique Buisson:
- Cours de civilisation japonaise à Chartres, Dreux. 2h tous les 15 jours, d’octobre à juin.
- Emissions mensuelle d’une ½ heure Instant Japon pour Radio Grand Ciel, d’octobre à juin.
- Prises de vue des œuvres du sculpteur Harada Tetsuo pour son catalogue général.
- 8 octobre, conférence à Blois sur la politesse au Japon.
- 21 octobre à 17h, conférence au musée du Quai Branly sur l’esprit du bambou.
- 5 novembre, conférence à Blois sur les geishas.
- 26 novembre, conférence à Blois sur la lumière des cathédrales et l’ombre des temples bouddhiques.
- Consultant pour ARTE sur une série de documentaires qui seront diffusés à partir de décembre.
- 10 janvier, conférence à Maintenon sur les jardins japonais.
- Du 5 avril au 5 mai, invité d’honneur à la biennale photographique #2 de Houdan.

Et pour avoir un deuxième oeil sur le Japon, vous pouvez découvrir le portrait d'Ambre Cardinal, créatrice de Bijou Mobil qui a de beaux liens avec ce surprenant pays.

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My Mood World Kyotographie
Oh! Je sais par vos messages que j'ai des frenchies-followers du blog qui sont à Kyoto en ce moment. Alors allez absolument au festival international de la photographie: KYOTOGRAPHIE. C'est la sixème édition depuis 2013 et c'est du 14 avril au 15 mai 2015 dans différents lieux de Kyoto.
Vous découvrirez le fantastique et titanesque projet HATARAKIMONOS de Knarf dont j'ai fait le portrait sur le blog il y a un an à Tokyo. C'est IcI et .
Il était en pleine production des portraits sous leur forme "Tape-O-Graphie" de ces travailleurs acharnés de Tokyo.
Il a créé pour l'occasion un génial plateau à roulettes télé-guidé avec la collaboration de Pierre Hermé Japon comme dans les yataï (stands de restauration mobiles au Japon) pour le service des chocolats Pierre Hermé. Allez voir sur son instagram @knarfart
Vous pourrez aussi parlez et échanger avec lui le 15 avril de 15:00 à 16:00 IcI  Emplacement 15. Accès libre.

HATARAKIMONO décrit avec une connotation très positive les travailleurs "acharnés". Il n'existe pas en français ou anglais de terme similaire.

Photo: knarf
Vitrine Pierre Hermé Japon - Hatarakimono project Knarf



Knarf

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05 avril 2018

OSAKA SAKURA...

L'année dernière jour pour jour j'étais à Osaka et c'était Sakura en version rose pâle ^-^
Photos: KaT.

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Avril 2017
Retour du Japon et déballage de valises, sélection de photos...Les prochains posts vont être so nippons ^-^, mais avec ma vision, comme toujours.
Merci pour vos e-mails et j'en déduis que vous êtes surtout impatients de savoir ce que j'ai ramené. Ca vient très prochainement...
Et c'est avec les minis minis tabis et getas achetés à Osaka chez Junie Moon pour ma Blythe que j'ai commençé par détourner la catalogue Champion d'Harajuku à Tokyo.
Les getas sont les sandales à lanières et les tabis les chaussettes blanches.
Collection Spring-Summer Champion 
Photographs; Keita Goto (location) et Taro Hirayama (studio)
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Et si on commençait par la fin ^-^ en partageant ce que j'ai ramené une fois les valises rangées. 
Une façon d'illustrer mon parcours avec cette cartographie des objets. Ils proviennent de Tokyo, Kyoto, Naoshima, Osaka et nulle doute que le Japon est le pays de l'esthétique ou l'illustration, les packagings oscillent entre le beau, le raffinement, le ludique et l'équilibre.
Une sélection hétéroclite plutôt kawaii avec quelques touches de Wabi Sabi où l'on retrouve tradition, modernité et le paradoxe japonais s'annonce...

Les masques soins kabuki de Isshin Do Honpo achetés chez Takashimaya à Tokyo. Minis tabi pour poupée Blythe de chez Junie Moon à Osaka.

L'affiche de Kyotographie, festival de photographie. Les pinceaux de la marque cosmétique IPSA. Le kimono vient de Chicago Vintage à Kyoto.
Pochette et taille-crayon de chez ASOKO à Osaka. Pinceaux de la marque cosmétique IPSA.
Sac de course kabuki acheté sur le plus ancien marché d'Osaka: Kuromon. 
Tenugui, petit torchon traditionel japonais avec une illustration de Yayoi Kusama 
Les stickers-design so beaux de chez B-Side Label
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Tokyo, la vie en rose....
Parceque Sakura était bien là! 
Les branches des cerisiers le long du canal Meguro balancent calmement les lampions roses sous le regard des girly-tokyoïtes au blush rose sous le yeux; Knarf stabilo boss de rose fluo les contours de ses Hatarakimos, Musubi Aoki la créatrice de la marque de bijoux Throw a kiss envoie des bisous rouges sur fond rose, les filles du robot-restaurant dansent sous les néons roses criards de Kabukichô. ll y a des lapins roses chez Takashimaya; envie de manger un chapeau rose chez Totti Candy avant d'aller voir les petits pois de Yayoi Kusama qui voit la vie en rose, en rouge, en jaune, parfois en noir, mais obstinément et éperdument en petits pois...
La vie en rose, voilà mon dernier portrait sans retouche de Tokyo ^-^

 Canal Meguro, Tokyo
Knarf  HATARAKIMONO project
Tokyo Blythe    -    Robot-restaurant
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Un artiste français à Tokyo: K-NARF.
J'ai rendez-vous avec l'artiste K-NARF dans son studio perché dans un immeuble des années 70 aux couloirs couleur menthe à l'eau dans le quartier de Shibuya. Et ,oh surprise la so jolie Shoko est là!! 
L'artiste, son studio, sa muse: Tokyo et toujours la vie en rose...

J'ai découvert les tirages artistique de K-NARF par une amie collectionneuse. 
Son travail est riche de références frenchy et asiatiques, de procédés bricolés et néo-vintage, avec un équilibre entre la poésie et l'expérimentation. Sa technique singulière de développement photographique "Tape_o_graph" avec de l'adhésif, complétée de notes chiffrées, de tampons, de cibles tipexées ...nous rappelle les vieux négatifs photo ou les bandes des films muets et lie ainsi le passé au présent.
Au-delà d'être un bricoleur-photographe K-NARF est un inventeur-artisan. Tout ce dont il a besoin et qui n'existe pas il le fabrique en utilisant des objets simples, parfois désuets, Il s'inscrit dans le mouvement artistique bricolage qui consiste à réaliser des oeuvres à partir de matériaux et d'outils simples, de consommation courantes, en provenance de magasins de proximités (quincailleries, papeteries). Ce mouvement a pris naissance dans les années 2000 à New York et est dans la lignée du READY MADE, l'ARTE POVERA et DIY.
K-NARF transforme l'ordinaire en extra-ordinaire et c'est au milieu des rouleaux de tape_o_graphs, de caméras, de boîtes à images, de feutres, de tubes-o-scopes, de drôles d'instruments, et dans une ambiance se rapprochant de la "Science des rêves" de Gondry que je vous projète dans certains détails et coulisses de son univers.
Depuis quinze ans il a choisi de s'installer à Tokyo, là ou est son inspiration.
Ici Tokyo, allo la terre!?!?!
Shoko dans la série HATARAKIMONO   K-NARF
C'est IcI studio n°403
K-NARF studio
Le verso de ses artworks est aussi beau que le recto ^-^
I Want it
Son objet de travail le plus délicat et le plus beau pour ma part, sa plume d'architecte.

Depuis 2016, K-NARF travaille sur un projet titanesque: "HATARAKIMONO" où il réalise une archive tape-o-graphique avec plus de deux cents portraits des travailleurs des rues de Tokyo. J'ai fait un post exclusif IcI sur cet évènement qui va parcourir le monde à partir de 2018. Attention gardez l'oeil ouvert!
Le monde change et K-NARF par son travail artistique nous révèle ses divers bouleversements à travers l'humain et son évolution. Ca se passe à Tokyo mais bientôt partout ailleurs...


Tissu rayé des costumes des cadres au Japon utilisé comme fond des portraits HATARAKIMONO .
Deux mondes qui se croisent dans les rues de Tokyo où les hatarakimonos sont sous l'oeil de K-NARF les héros du temps présent.
Photos KaT - K-NARF
Dans la catégorie Magnifique , il y a Kyoto.
On déambule en lévitation dans une ambiance d'esthétisme absolu, de tradition, de zénitude.






 Ryonanji, jardin zen


Boutique de tissus pour kimonos Otsuka Ghukuten

Le soir nous retrouvons notre charmante petite maison louée à Vivre le Japon. Elle est parfaitement située, derrière le quartier de Gion, près de Higashiyama  . On a même l'impression de s'immiscer dans le monde fabuleux de Miyazaki. Notre voisin est taxidermiste...




Maison Gion Matsubara Vivre le Japon

Geishas à Gion
Je vous conseille d'aller découvrir les superbes photos de geikos et maikos de
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Kyoto romance...
Kyoto en avril sous les cerisiers sakura a la douceur et l'éphémérité d'une romance de printemps.
Mais ici, rien n'est désuet puisque la beauté ne réside pas seulement dans l'objet. Elle est toujours subtile, voir cachée, que ce soit dans les camaïeux de verts des galets du jardin zen de la maison Koiya, dans les contrastes et l'épure du jardin minéral du temple Ryoanji, dans les nuances du bois des objets de la boutique Kisoartech, dans l'harmonie du jardin de la marque de cosmétiques Yojiya, dans le port altier de la grue du temple bouddhiste Daïtoku-ji, dans la mise en scène subtile et délicate de la boutique Minä Perhonen, dans l'opalescence délicieuse d'une patisserie haru odaru marquée d'une fleur de cerisier au fer rouge, dans la flamboyance des tissus des kimonos vintages d'Antique-kimono-shop le long du chemin de la phylosophie, dans l'élégance des lampions du canal Kiyamachi, et pour clore en apothéose, dans la gestuelle parfaitement synchronisée et l'apparat délicat des kimonos des maikos (apprenties geishas) et des geishas des écoles de Kyoto pendant le festival Miyako Odori...
Photos KaT.
Boutique KISOARTECH KYOTO

Temple bouddhiste Daïtoku-ji
Boutique Minä Perhonen 
Patisserie haru odaru
Antique kimono shop
Canal  Kiyamachi
Miyako Odori
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Kyoto green...



 
Ekan-do Temple, Kyoto.
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Naoshima, mon Amour...
Si "Hiroshima mon amour" est l'histoire d'amour entre une jeune femme française et un architecte japonais dans un climat torturé par les traces du passé de la dernière guerre; à Naoshima, l'art et l'architecture sont en communion avec la nature, les villages, dans un calme impérial, propice à la méditation. 
Mais pour moi l'expérience est aller au_delà de tout ça.

Quand vous arrivez sur l'île dans un ferry au petits pois de YaYoi Kusama, que vous prenez un bus avec des citrouilles pour vous emmener à l'autre bout de l'île dans le village de Hommura, où les bardages des maisons sont noircis par la technique du shou sugi ban, parfois brodés de visages, et qu'une tête de signe géante émerge d'un jardin, on se dit que Miyasaki n'est pas loin ^-^. 
Dans un des lieu du Art House Project: Minamidera, qui est le fruit d'une collaboration avec James Turrel et Tadao Ando, vous entrez dans un bâtiment totalement obscur. Frôlement des corps, mystère, et en finalité une apothéose artistico- sensorielle...
Partir sur la colline du ChiChu Art Museum, descendre sous terre mais être baignée de lumière (?). Une salle, une oeuvre. L'architecture du musée a été faite pour acceuillir les oeuvres et non le contraire. Mes chaussons d'hôpital bleus aux pieds, sous le regard de gardiens en blouses blanches, entre les murs de béton, me donnent l'impression d'être un cobaye dans le plus beau des hopitaux psychiatriques avec l'interrogation de ce qui va m'arriver, mais sans aucune crainte. James Turrell joue avec mes sens comme jamais, des visiteurs s'enlacent, esquisse un pas de danse ....On avance, on avance et on s'aperçoit que le musée est lui-même une oeuvre d'art avec une scénographie qui épouse magnifiquement la nature.
Descendre ensuite sur les rivages de l'île dans une fébrilité lévitative; et là, sous une brume sans ligne d'horizon, où la mer de Seto disparaît, le paysage d'estampe japonaise est devant vous avec la subtilité d'un gris-bleu de prusse et on a les yeux d'Hokusai! 
Je m'arrête là ...la suite c'est à vous de l'appréhender en allant sur l'île.
Cette expérience unique existe grâce à Shoichiro Fukutake, l'honorable mécène initiateur du projet; amoureux de son pays, de l'art contemporain et de la nature, il fait éveiller en chacun de nous la beauté sublime de cette île de la mer intérieur de Seto et nous fait vraiment comprendre le Japon. 
Il n'y a pas que le Mont Fuji dans la vie d'un gaijin (étranger en japonais)!

Allez sur le site du Benesse Art Site pour préparer votre voyage. 
Photos: KaT
 
Ruelles d'Hommura

 
Haisha house
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Takayama
Au coeur du japon, découverte du travail du bois...


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Tokyo signalétique.
Les enseignes, les panneaux d'informations, les étiquettes.... sont un régal avec leurs illustrations, leurs couleurs et leur régression.....
Les reines des épices d'Ochanokosaisai.




 Dans le métro
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Yellow Tokyo ^-^
L'oeil de Shinjuku station
Vogue Japon


Boutique Tsumori Chisato Ginza, Tokyo


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Avril 2017

AYA TAKANO, I LOVE YOU SO 💕

Je me suis rendue à la Galerie Perrotin pour découvrir les derniers travaux de ma peintre-dessinatrice préférée Aya Takano avec son exposition "The jelly civilization chronicle". 
C'ést comme un pur rendez-vous qui va transformer ma journée car je sais que je vais être bouleversée, inondée d'une farandole de couleurs détrempées, enveloppantes, de détails qui vont user ma rétine, et au final faire chavirer mon hyper-sensibilité et mon imaginaire. 
Depuis que j'ai découvert son travail en 2008 dans cette même galerie pour son exposition "Towards eternity". Certains de mes rêves m'immergent même dans son délicieux univers. J'intègre par le biais d' une bulle souple et volante l'autre monde que raconte Aya Takano, je frôle les cheveux de ces jeunes filles aux ondulations de udons, un peu comme dans les mondes parallèles des livres de Takashi Murakami...En m'intéressant à son travail j'ai d'ailleurs appris qu'elle peignait souvent ses rêves.
J'ai une relation à la fois physique, psychique et révélatrice avec sa peinture, moi qui dessine souvent des jeunes filles qui effleurent le sol, aux vêtements faits de formes imaginaires, dans un monde où la lévitation est permanente.
The Jelly Civilization Chronicle présente une sélection de 26 peintures et plusieurs dessins sur celluloïd, œuvres préparatoires à un manga de 186 pages.
Naki et Minaka les héroïnes passent d'un monde contemporain à des mondes magiques inconnus tel que le jelly-world, un lieu idéal, berçeau du rêves, du désirs et de l'illusions. 

C'est à la galerie Perrotin, 76 rue de Turenne, 75003 Paris jusu'au 13 mai 2017.
Aya Katano, "The jelly civilization chronicle"
Du mardi au samedi de 11:00 à 19:00. Entrée libre.
Photo de Aya Takano by Rakutaro Ogiwara
 Photo by KaT
J'ai volontairement posté des détails des tableaux, comme un déroulé d'un monde à l'autre, avec atterrissage dans la jelly civilization.
Ces détails sont des extraits de grands formats, alors déplacez-vous pour vivre l'expérience de la jelly civilization (*0*).


 



©2017 Aya Takano/Kaikai Kiki Co., Ltd. All Rights Reserved. Courtesy Perrotin
Peintre, dessinatrice, auteure de science-fiction et de manga, Aya Takano fait partie de Kaikai Kiki, le studio de production artistique créé en 2001 par Takashi Murakami. Inspirée par tous les arts, des estampes érotiques de la période Edo à l’impressionnisme, d’Ozamu Tezuka à Gustav Klimt, l’artiste a construit un univers qui lui est propre, fait d’une infinité de mondes, comme autant de moyens de s’échapper de la réalité, de la gravité et de ses contraintes, pour atteindre une certaine forme de transcendance envisagée dès le plus jeune âge.
Ce documentaire d'Hélène Sevaux réalisé en 2011 révèle parfaitement sa personnalité et ses inspirations *-*


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