TRANOI. Ok mais...

Vendredi dernier j'étais au TRANOÏ (collections automne-Hiver 2018) pendant la semaine de la mode au Carreau du Temple à Paris pour découvrir les "10 asian designers to watch" qui ont été repérés au Fashion Asia Hong Kong. Un peu déçue de la sélection, rien de "dingue".
L'espace est un pop up avec surtout les collections hommes qui représentent à peine le cinq ème de toutes les collections présentées durant cette semaine de la mode à Paris (alors imaginons à l'échelle de la planète avec la fashion week de Londres, New York, Milan...) et déjà l'écoeurement de l'abondance me guette. 
A t-on besoin de tout ce choix? Et surtout comment font-il pour exister tous ces jeunes créateurs où seulement très peu se distinguent. Ils se comptent à peine sur les doigts d'une main.
Avant de quitter Paris je m'arrête à la galerie de Li Edelkoort pour voir son exposition sur la réinterprétation du mouvement *shaker par des designers américains, japonais, néerlandais du XX siècle à nos jours. Et je tombe sur cette chemise de BODE réalisé en patchwork de différents tissus récupérés, qui avec sa simplicité à la fois désuète, mais appliquée, nous montre qu'il est vraiment temps de penser, de fabriquer autrement le vêtement, avec le bon sens de nos aînés qui peut permettre aux futurs créateurs de mode d'entrer dans la modernité. Je vous rappelle que nous sommes quand même dans les locaux de Trend Union, le studio de la prévisionniste des tendances: Li Edelkoort, qui est aussi la créatrice du manifeste "Anti-fashion" car elle aime la mode. OUI cet oxymore a du sens.
Dans ce manifeste Anti-fashion Li Edelkoort souligne que l'enseignement des écoles de modes est démodé, qu'il ne sert qu'à créer des designers de podium, que les étudiants ne connaissent plus le textile et la construction d'un vêtement.

Les jeunes créateurs ne devraient-ils pas alors se détacher du système des écoles de mode, par ailleurs fort onéreuses et qui passent à côté des vrais talents en mal de financement. Et finalement, pourquoi y aller dans ces écoles quand on veut simplement réaliser une gamme de vêtements désirable, compatible éthiquement avec le nouveau monde, pour qu'on puisse s'y reconnaître en tant qu'individu profondément passionné? Les jeunes ont les outils pour réinventer leur job et devenir entrepreneur, notamment par internet, le crowdfunding, les réseaux sociaux... 
Il serait peut-être opportun que les "nouveaux enseignants" de la mode soient les groupes de mode (Asos, la Redoute...), les fabricants de matières textile (Woolmark..), et qu'ils mettent à dispositions des futurs jeunes créateurs leur stocks d'invendus pour fabriquer leurs prototypes, leur apporter la matière textile (poste qui coûte un certain budget dans une collection). De plus, déstructurer, remonter un vêtement, apporte énormément de connaissance technique du tissu, du patronage et stimule, duplique la créativité par les contraintes techniques.
Dans son intéressante interview pour Chiffon le podcast, Sylvette Boutin Lepers, responsable des partenariats créateurs et image de La Redoute, nous informe que lors de la journée du 24/03/18 à Roubaix, La Redoute, qui a toujours donné une visibilité aux jeunes créateurs, est partenaire du mouvement anti-fashion et propose des stocks d'invendus aux jeunes des centres sociaux afin d'exprimer leur créativité.
Certains pensent encore que le vêtement "reconstruit" est un peu beatnik, folklo, ou voir limité. Il n'y a qu'à jeter un oeil envieux sur les créations de la ligne couture Maison Margiela Artisanal ou de Ronald van der Kemp pour oublier ce préjugé. Ronald van der Kemp travaille à partir de chutes de tissus d'exceptions, de dentelles chinées et signe d'une étiquette "WHIT LOVE" ses créations demi-couture et prêt-à-porter.
Dans le prêt-à-porter, Mona Sbouaï fondatrice de la marque Super marché propose des pièces urbaines, dans l'air du temps. Et on peut envisager si on le souhaite le vêtement de façon plus personnelle, éthique, dans un dialogue créatif avec La Textilerie.

Que les professionnels de la mode aident les jeunes créateurs à acquérir la Liberté de se Réinventer pour nous permettre (à nous consommateurs) d'aimer à nouveau la mode et de porter fièrement leur créativité à travers le vêtement.

Shaker: Ce mouvement religieux protestant s’est installée en Amérique à la fin du XVIIIe siècle car ses fidèles fuyaient les persécutions en Grande-Bretagne et dans les Cévennes. Les Shakers sont devenus célèbres dans la communauté design pour leur mobilier du XIXe siècle dépouillé de tout ajout décoratif avec une certaine épure qui servait leur mode de vie monacal mais qui en fait un précurseur du fonctionnalisme du XXe siècle. Depuis les années 1940-50, le mobilier Shaker a attiré l’attention de nombreux collectionneurs et amateurs de design.
 Jolies shoes sur une coréenne à TRANOI.
 Masha Ma au TRANOI    ?
Exposition Galerie Li Edelkoort

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